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Marc au Sénégal
26 décembre 2017

"L'Afrique si généreuse m'a pris dans ses bras"

Bonjour à toutes et tous,

Décidément le Sénégal ne me lâche pas ( et en plus d'en être fier, j'en suis heureux), et vous avez compris bien sur que ces 2 mois ne m'ont pas laissé indifférent.
On me demande si c'était mon plus beau voyage et à chaque fois je donne la même réponse ; "je n'ai pas de plus beau voyage, ils sont tous les plus beaux, mais en Casamance j'ai eu la chance de "rentrer" plus profondément dans la vie de tous les jours des gens, tout m'était ouvert, leurs maisons comme leurs coeurs, leurs pensées, leurs problèmes, leurs joies, tout sans restriction ..."

J'adore Richard Bohringer sur tous ces aspects, il dérange et cela me plaît ...

 

Sénégal - Propos recueillis par Audrey Nait-Challal / GEO - Jeudi 22 septembre 2016


A 74 ans, Richard Bohringer, qui s’est vu accorder la nationalité sénégalaise en 2002, se sent uni à jamais à l’Afrique. En mai dernier, il publiait Quinze rounds (éd. Flammarion), où il évoque sa jeunesse, son métier d’acteur, et bien sûr, le continent noir.

GEO L’Afrique, plus particulièrement le Sénégal, fait partie de votre vie…
Richard Bohringer Oui, et pourtant je ne suis pas allé là-bas depuis deux ans. Tout me manque. Le grouillement du terminal où tu débarques, le business qui commence tout de suite, la chaleur qui t’enveloppe. L’aéroport, c’est le premier contact avec un peuple et pour moi, ce premier contact a été un choc définitif. Tu croises là des gens venus de leur village pour gagner cinquante centimes d’euro en portant tes bagages, mais aussi le bourgeois qui, comme dans tous les pays du monde, traverse royalement la misère de ses frères. C’est bourré de regards, de loin, de près, de côté, de dos. Quand tu arrives là-bas, l’Afrique va te perdre, mais l’aéroport t’a déjà perdu. J’ai toujours atterri en fin d’après-midi à Dakar. La première vision de la lumière électrique dans la nuit africaine est unique. Puis on entre dans la ville. Il y a déjà du sable du désert sur la voie Pompidou. Mais on ignore encore le grand voyage qui nous attend.

Un grand voyage qui vous a mené aux portes du désert…
J’ai souvent fait la route Dakar - Saint-Louis. Je l’ai connue déglinguée, trouée, puis s’arrangeant, petit à petit. Elle continue à traverser les villages, on aperçoit les habitants et leurs gestes quotidiens. Puis on arrive à Saint-Louis. Cette ville est une invention humaine en plein désert, sur le bord de ce fleuve magnifique, habité par les esprits des ancêtres. Les pêcheurs du coin sont des héros qui reviennent à l’aube après avoir pris tous les risques sur leur pirogue. L’horizon est sans fin. Les silhouettes que l’on devine au loin, dans le Sahel, ne ressemblent pas à celles que l’on voit ailleurs. J’ai aussi rencontré là-bas des Blancs venus il y a quinze ans et qui étaient restés, souvent à cause d’une déception amoureuse. C’est très romanesque, l’Afrique, on peut y perdre la tête. C’est dangereux pour l’esprit. On ressent un vertige. Je suppose que c’est comme marcher sur la Lune – sauf que les astronautes, eux, devaient être préparés à ce qu’ils allaient ressentir.

Comment expliquez-vous votre fascination pour ce continent ?
Par ces couleurs incroyables qui remplissent l’œil du matin au soir. Certaines heures de la journée sont inoubliables. Il y a aussi une bande-son prodigieuse, avec le chant du muezzin qui tricote son rap. Surtout le chant du matin et celui de 17 heures, pour moi les plus impressionnants. On entre très vite dans les habitudes locales. Mais le genre de blues qu’on peut ressentir là-bas est très costaud, surtout vers 17-18 heures. Partir en Afrique avec le cafard est une grosse erreur. Dans l’arrière-cour des maisons, quand on est assis sous l’arbre avec l’ancien, avec des gamins qui courent dans tous les sens, des poules qui picorent de vieux pneus, là on trouve un peu de paix. Ce continent m’a pris dans ses bras. Il a le sens du partage. Ceux qui m’ont donné n’avaient rien : ils sont allés chercher dans les trous qu’ils ont dans les mains. C’est très difficile de se sentir à sa place quand on est toubab [Blanc en wolof et mandinké] car là-bas, la vie n’est qu’africaine. Mais j’ai eu le sentiment d’être accepté.

Avez-vous été tenté de ne pas prendre le vol retour ?

Bien sûr. Mais j’avais mes enfants et leur maman en France. L’Afrique m’a déjà tellement éloigné d’eux… Ça a commencé en 1985. J’ai fait une volée de voyages là-bas. J’étais très perdu. Ce continent est puissant et dévastateur, il fait s’évanouir ce qu’on était, vous fait devenir quelqu’un d’autre. A cette époque, l’Afrique m’arrachait à ma vie. Elle l’a perturbée. Aujourd’hui, elle me manque terriblement. Je suis en mal d’amour.

 

richard-bohringer

 

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